Le thème des Péchés Capitaux est une interprétation végétale et architecturale de la peinture de Jérôme Bosch, peintre flamand du XVème siècle.
Cette peinture étant découpée en 7 quartiers, le jardin sera donc « parcellé » en 7 petits jardins. Un par péché.
L’entrée du jardin se fait par l’Envie qui mène à la partie centrale où l’on peut découvrir une reproduction circulaire à l’identique de la peinture sur bois, que les visiteurs feront tourner à l’instar d’une roue de fête foraine afin de déterminer le péché qu’ils pourront découvrir.
Les 7 péchés/jardins sont séparés par des charmilles taillées en rideaux, formant des haies. Chaque jardin inclue un ou plusieurs éléments matériels tirés de l’œuvre de Jérôme Bosch, servant de décoration et symbolisant le péché.
Nous allons pénétrer dans le jardin par l’Envie puisque nous avons envie de le découvrir.
L’ENVIE (INVIDIA)
La dominante chromatique est le vert puisque l’on peut être « vert d’envie » ou « vert de jalousie ».
Du latin « Invidia », tristesse ressentie face à la possession par autrui d’un bien qu’on ne possède pas. Convoitise du bien d’un autre. Pour Descartes, l’Envie est laide et borgne. Pour Saint-Thomas-d’Aquin, après l’envie vient la haine. Enfin, chez Grégoire le Grand, l’envie est « blessure pour l’esprit qui se ronge ».
Ici, l’Envie est symbolisée par un chien famélique, maigre et squelettique devant un os décharné face à un cochon gros, gras, rose et en bonne santé.
L’ORGUEIL (SUPERBIA)
L’orgueil, du latin « Superbia », est la sur-estime de soi-même. Il est le plus grave des 7 péchés capitaux. Il s’identifie à la vanité, la vantardise, la supériorité et l’ambition. Pour Paul Valéry, « Plaire à soi est orgueil ; aux autres, vanité ». Chez Victor Hugo, « L’orgueil a cela de bon, il préserve de l’envie ».
Le petit coffre contenant des colliers et autres parures manifeste la vanité. Les roses rouges et blanches font allusion à la futilité. La bougie qui se consume symbolise la fuite du temps et la présence des miroirs dans le jardin évoque le proverbe néerlandais : « Quand tu te regardes dans le miroir, le diable est derrière toi ».
LA COLERE (IRA)
La colère, « Ira » en latin, vient du grec « Kholé », la bile, et le choléra est un violent débordement de bile. Ce jardin est donc « rageusement » fleuri en rouge et noir puisque l’on peut être « rouge de colère » ou être dans une « colère noire ». La colère est provoquée par l’impatience, l’intolérance, l’injustice ou la frustration. D’après Horace, « La colère est une courte folie ». Les éléments de décoration du jardin sont : l’épée, la vaisselle cassée, la table renversée, qui traduisent la rage et le désordre.
LA GOURMANDISE (GLUTTO)
Du latin « glutto », glouton. La Gourmandise est le 7ème péché capital dans la religion catholique. Aristote associe la Gourmandise à un vice opposé, la Tempérance. La Gourmandise, c’est manger et boire sans en avoir besoin. Est-ce vraiment un péché car, depuis le XIXème siècle, la Gourmandise est devenue un art. C’est l’aptitude de prendre plaisir à manger, à boire. Pour Alphonse Daudet, « La Gourmandise commence quand on n’a plus faim ».
La symbolique du jardin est représentée ici par des fruits, légumes et une multitude de viandes, volailles et cochonnailles ainsi qu’un tonneau et des vignes pour la boisson et l’ivresse.
LA LUXURE (LUXURIA)
La Luxure, du latin « Luxuria », est un penchant immodéré dans la pratique des plaisirs sexuels. Une sexualité désordonnée et incontrôlée. Au Moyen-Age, la Luxure est considérée comme le 3ème péché capital le plus grave après l’orgueil et l’avarice, alors qu’elle est considérée comme positive durant l’Antiquité.
Devant nous, la scène se déroule dans un jardin où est dressé un pavillon d’amour ou tente de Vénus. Habitée par le diable ayant pris les formes d’une diablesse. Le tout de couleur évidemment rouge. Sur la table, sont posées une carafe de vin, corrélation entre vin et tentations charnelles, des cerises et une pomme, symboles de sensualité. La présence de l’escargot est associée au diable car rampant à la façon du serpent, il est considéré comme créature impure au Moyen-Age.
Le fond de décor du jardin est une impression sur bois reprenant des détails du dessin de la luxure de Bruegel l’Ancien.
Exemples :
Une femme nue se laisse cajoler par un démon coiffé, assise dans un arbre creux, image métaphorique chez Bosch, qui symbolise la vanité (le vide).
Au-dessus, une branche d’arbre transformée en cerf qui croque une cerise, représente l’ardeur sexuelle au Moyen-Age.
Enfin, un couple fait l’amour dans une sphère en verre, symbole de la futilité du bonheur sur terre, contenue dans une moule considérée comme aphrodisiaque. Des couples s’enlassent dans une fontaine, référence au Roman de la Rose. Le fleurissement de cette parcelle est à dominante pourpre et rouge. Le décor végétal symbolisant le péché de Luxure est composé d’arbres, d’arbustes et de fleurs tels que des amarantes, amours en cage, anthurium, plantes grasses et piquantes : cactus, agaves, colocasia, argémone, solanum pyracanthum « Lucifer » etc.
LA PARESSE ou Acédie
La paresse ou acédie est un mal de l’âme qui s’exprime par l’ennui, une torpeur spirituelle. La paresse est un amour du repos, qui nous fait négliger nos devoirs. C’est le désintéressement de tout et c’est la tendance à toujours remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même.
Ici, le jardin est traité en dilettante verte avec uniquement l’utilisation de plantes adventives (mauvaises herbes). On y trouve quelques attributs symbolisant la paresse tels qu’un lit, une chaise à bascule, des oreillers et une décoration non terminée de l’allée qui y mène.
Enfin, tel que le dit un proverbe néerlandais : « La paresse est l’oreiller du diable ».
L’AVARICE
AVARICIA
L’Avarice, du latin Avaricia, est une manière à s’attacher de façon compulsive aux richesses matérielles.
C’est l’accumulation des biens et richesses sans intention de les dépenses ou de les partager. Elle peut-être l’angoisse du manque et l’amour profond de l’argent.
Jérôme Bosch blâme les faux juges corrompus qui, par goût du lucre préfère l’argent à la justice. Pour Jean de la Fontaine, « L’avarice perd tout en voulant tout gagner ».
Ici l’Avarice est confinée par un fleurissement à dominante jaune, or, et argent. Elle est symbolisée par un coffre au trésor débordant de lingots, de pièces d’or, d’argent ainsi que de pierres précieuses.
Jérôme BOSCH
D’après Jacques Le Boucq
(vers 1550)
Hieronymus van Aken dit Jérôme BOSCH est né à s-Hertogenbosch (Bois le-Duc) vers 1450 aux Pays-Bas bourguignons.
Peintre néerlandais.
Epousant en 1478 une femme de l’aristocratie, il devient « membre notable » de la confrérie Notre-Dame (Association religieuse consacrée à la Vierge).
Sa renommée s’étend au-delà des frontières de son pays natal.
Il puise une nouvelle inspiration dans ses lectures et dans l’atmosphère d’hérésie et de mysticisme de son époque.
Il s’oriente vers des œuvres « sacrilèges » où le religieux se confronte au péché et à la damnation.
« Les Sept Péchés Capitaux « (1475-80), la Nef des fous (1490), le Jardin des délices (1503).
Son style est caractérisé par des personnages caricaturaux issus des bestiaires moyenâgeux, mis en scène dans des diableries.
Plus tard, il aura comme suivant des artistes tel que Brueghel l’Ancien.
Il décédé le 9 août 1516 à Bois-le-Duc aux Pays-Bas des Hablbourg.